
« En fonction de l’évolution future de l’épidémie dans notre pays, des mesures plus contraignantes seront prises », indique un communiqué publié à l’issue d’un conseil national de sécurité tenu le 09 septembre 2021.
Déjà en vigueur dans certains pays d’Europe et notamment en France, le pass sanitaire pourrait bientôt entrer en vigueur en Côte d’Ivoire.
Cette mesure, associée à bien d’autres intervient après une triple hausse du nombre de nouveaux cas et de décès survenus durant les mois de juillet et août.
En effet, le pourcentage de tests positifs, qui se chiffrait à moins de 3% durant le mois de Juin, a connu une croissance constante durant les mois de Juillet et Aout, pour attendre un pic à 7,2% le 02 septembre.
Ainsi la côte d’Ivoire, peu touchée par la pandémie de Covid-19 depuis les premiers cas en Mars 2020, connaît une augmentation du nombre de cas depuis plusieurs semaines.
Selon le communiqué, 112 décès ont été notifiés en août 2021 uniquement. Un chiffre qui représenterait 25,4% du nombre total de décès depuis le début de la pandémie.
Source : Wikipedia-OMS
Selon les autorités en charge de la santé, l’accroissement des cas positifs et des décès est dû à un relâchement dans le respect des mesures barrières, un accroissement des interactions sociales ainsi qu’à une hausse des entrées et sorties du territoire.
La vaccination à la traîne
Le 1er Mars 2021 signait le lancement officiel de la campagne de vaccination contre La covid.
Orientée premièrement vers les populations les plus exposées, elle a été élargie très rapidement à tous les Ivoiriens âgés de plus de 18 ans afin d’accélérer la cadence. Cependant à ce jour seulement 1,1% de la population est entièrement vaccinée, bien loin de l’objectif des 40% avant la fin de l’année que s’était fixé le Gouvernement.
Source : Our World in Data
Des mesures centrées sur la prévention et la sensibilisation.
Le premier pan de ces mesures s’articule essentiellement autour de la sensibilisation vis-à- vis de la vaccination et du respect des mesures barrières, avec l’implication des élus locaux, des autorités administratives et traditionnelles et religieuses, des organisations non gouvernementales et diverses associations.
Le second pan concerne l’intensification du dépistage de la COVID-19 à travers les tests rapides antigéniques gratuits dans les établissements sanitaires publics et privés et payant pour les voyageurs en partance de tous les pays de l’UEMOA.
Ces mesures ayant pour objectif de contrôler efficacement l’épidémie.
Cependant des mesures plus répressives sont envisagées en fonction de l’évolution de la crise.
En effet, il pourrait être exigé un certificat de vaccination ou un test PCR de moins de 72 heures pour accéder aux bars, restaurants, maquis*, cinémas, stades, établissements hôteliers, bâtiments administratifs publics et privés, universités et grandes écoles.
Quel potentiel évolutif avec ces mesures ?
Les stratégies mises en place contre la COVID-19 ont pour objectifs principaux de protéger les populations les plus vulnérables, de faire baisser la mortalité et les formes graves, protéger les soignants et le système de soins.
Devant l’absence de traitement uniformisée à la covid 19, les mesures préventives demeurent à ce jour la règle.
Cependant si le respect des gestes barrières connait relativement l’assentiment tant des autorités que des populations, plus dans sa perception que dans son application, l’interêt de la vaccination quant à lui fait polémique dans diverses parties du globe, et notre pays n’est pas en reste. La défiance vis à vis de cet outil de prévention fait rage en côte d’ivoire, défiance alimentée par les diverses rumeurs de desseins voilés des occidentaux vis à vis des populations africaines, mais aussi par de nombreuses informations concernant des effets indésirables du vaccin, et un taux de mortalité du au vaccin qui serait élevé.
Avec 39,4% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté en 2020, selon la banque mondiale, la Côte d’ivoire ne saurait envisager un confinement comme l’ont connu plusieurs pays. Des mesures telles que la fermeture des frontières et l’instauration de couvre-feu, ont toutefois été instaurées, et ont pu avoir de nombreuses répercussions économiques et sur la qualité de vie des populations.
Il convient donc de maximiser l’usage des outils dont nous pouvons disposer.
A noter que pour le mois septembre 2021, la Côte d’ivoire enregistrait 179 décès liés à la Covid soit une augmentation de 65% par rapport au mois d’août.
Ces mesures tombent donc à point nommé, d’autant plus que l’accent est mis sur la sensibilisation et l’éducation, la phase répressive n’étant envisagée qu’en cas de non amélioration des données sanitaires. Elles devraient permettre, du moins nous l’espérons, de gagner l’assentiment des populations et de favoriser l’adoption des gestes capitaux de lutte contre la COVID-19.
Ces mesures ont un interêt certain car la covid est bien présente, et l’incertitude d’évolution de la pandémie à cause du potentiel de mutabilité du virus est aussi une réalité.
Mais, alors que la campagne de sensibilisation portera ses fruits et la demande de vaccins augmentera, il faudra éviter le piège logistique de la non disponibilité des vaccins.
Le communiqué du conseil national de sécurité rassure par ailleurs que 2 577 700 doses de vaccins ont été reçues à ce jour, sur une commande de 12 311 030 doses et que le processus d’approvisionnement en vaccins se poursuivra effectivement et permettra la vaccination ininterrompue et complète des populations.
Aussi, Le projet de création d’une usine de fabrication de vaccins par L’institut Pasteur de Dakar, devrait réduire la dépendance de l’Afrique à l’égard des importations de vaccins, actuellement de 99 %.
Le bilan de toutes ces actions pourra nous dire si les populations ont adopté ces mesures et si les objectifs fixés par le gouvernement ont pu être atteints.
Il convient toutefois de s’interroger, non pas sur l’intérêt de ces mesures, mais sur l’importance des moyens engagés dans un pays comme la côte d’ivoire, où le taux de mortalité de la Covid-19 reste relativement faible en comparaison de pathologies telles que le paludisme ou la tuberculose.
La restructuration du système de soin, la gestion de la problématique du manque de sang dans le circuit de prise en charge, l’équipement effectif et l’augmentation des capacités d’accueil de services sensibles tels les urgences et la réanimation, la mise en place de système de suivi des personnes atteintes de pathologies chroniques, sont autant de chantiers sur lesquels il est important de se pencher.
Et dans le contexte actuel, ces projets méritent autant sinon plus l’attention des autorités que la Covid-19.
En attendant, ces décisions sont à saluer, et nous espérons que les indicateurs de gravité de la pandémie seront en baisse les semaines à venir.
Liens Utiles
Du rejet à la pénurie, comment la Côte d’Ivoire est devenue un modèle de gestion de la défiance
Covid 19 : La Côte d’Ivoire lance sa campagne de vaccination
Communiqué du CNS du 09 Septembre 2021
Révision du coût du Test Covid
La 犀利士
République du Sénégal et « l’Équipe Europe » se mettent d’accord pour construire une usine de vaccins contre la COVID-19 et d’autres maladies endémiques
COVID : Vers un durcissement des mesures sanitaires – version pdf
Auteur: Dr Fabrice Kouakou