
Le 1er septembre 2021, un communiqué émanant du Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie et signé par son ministre Thomas Camara faisait état d’une découverte majeure de pétrole et de gaz naturel sur le territoire national par la société Italienne privée d’hydrocarbures, ENI et surnommée « Découverte Baleine ». Après cette annonce, une question majeure taraude l’esprit des citoyens Ivoiriens : quels seront ses impacts sur l’économie Ivoirienne ? Il est très difficile à ce stade de répondre à cette question sans avoir fait des études d’appréciation i.e. des études prospectives supplémentaires qui doivent avoir lieu pour déterminer les quantités réelles de ces deux hydrocarbures qui seront exploitables et aussi quel pourcentage bénéficiera à la Côte d’Ivoire.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de notifier qu’il est étonnant de voir tout cet engouement autour de cette découverte lorsque l’on sait que la Côte d’Ivoire n’est pas une novice dans l’exploitation de cet or noir. En effet, le pays produit déjà quotidiennement une moyenne de 34 000 barils de pétrole, certes loin derrière les 1 145 000 barils journaliers produits par les Angolais ou encore des 1 470 000 bpj nigérians (https://ecomnewsafrique.com/2021/01/28/langola-deuxieme-plus-grand-producteur-de-petrole-en-afrique-derriere-le-nigeria-a-vu-sa-production-de-petrole-chute-de-16/). Cependant cette récente découverte vient, à point nommé, raviver les ambitions qu’avait le Président Ouattara lors des élections présidentielles de 2010 où une promesse de 200 000 bpj avait été énoncée pour la Terre d’Éburnie. Théoriquement, et encore une fois énoncé par le communiqué du ministre Thomas Camara, le potentiel estimé serait pour le pétrole chiffré à environ [1,5 ; 2] milliards de barils bruts, ce qui fera potentiellement passer la Côte d’Ivoire d’un petit producteur de pétrole à l’échelle continental à un producteur qui gagnera en crédibilité.
Concernant les impacts économiques de cette découverte, il est tout d’abord important de savoir que les permis d’exploration en mers CI-101 & CI-802 (https://www.youtube.com/watch?v=b6sJDL0HM_A) sont détenus à 90% par la compagnie d’hydrocarbures Italienne ENI et à 10% par la Petroci Holding, sous la supervision de l’Etat Ivoirien car aucune décision telle que l’ouverture du consortium à un autre groupe comme Shell ou encore BP, par exemple, ne peut se faire sans l’aval du gouvernement. Pour mener à bien leurs projets, ces sociétés devront faire appel à des sous-traitants, des contractants et autres partenaires d’affaires et la première réponse à l’impact sur l’économie Ivoirienne pourrait être, quelle serait la proportion d’utilisation des entreprises locales dans ces activités ? En effet, si l’état Ivoirien veut rentabiliser au mieux ces découvertes de pétrole et de gaz naturel pour la Nation, les dirigeants pourraient dans le même temps faciliter l’émergence de nouveaux acteurs Ivoiriens dans le domaine des hydrocarbures et pousser ENI et la Petroci à les mandater pour des contrats ce qui apportera de la valeur ajoutée à l’économie et donc boostera le PIB de la Côte d’Ivoire. Aussi, cela posera indéniablement la question de la bonne gouvernance.
En effet, pour que ces découvertes profitent au maximum de citoyens Ivoiriens, il faudrait que les fonds qui découleront de cette activité soient bien utilisés par les gouvernants. Le ministère du Pétrole et le gouvernement dans son ensemble auront l’immense responsabilité de la parfaite allocation des revenus de l’or noir : quelles devraient être les parts allouées aux compagnies ? A l’Etat ? Quel revenu résiduel pourrait-on garder pour des activités sociales ? Aussi qu’en sera-t-il des énergies renouvelables, les bénéfices issus de l’exploitation pétrolière serviront-ils à préserver l’environnement dans un pays qui malgré tout le négationnisme que l’on peut lire souffre de pas mal de maux climatiques ? Tant de questions auxquelles il serait difficile de répondre avant des mois et peut-être même, des années. Mais force est de constater, que cette bonne nouvelle reçue à la fin du 3e trimestre de l’année 2021, ne pourrait que procurer du bien à la Côte d’Ivoire et créer des champions nationaux à la seule et unique condition que les fonds issus du Pétrole ne rentrent pas dans les ténébreux sillons de la corruption.
Découverte « Baleine » au large du prolifique bassin de Tano – version pdf
Auteur : Loic Djedji