denkyeminstitute

Bonjour M. Kouamé. On démarre par les présentations ?  

Je suis Clement Kouame, Je suis Juriste en Droit des Affaires Internationales.  

J’ai d’abord obtenu un Master en Droit des Affaires à l’Université des Lagunes d’Abidjan et travaillé 5 années entre cabinets d’avocats et entreprises avant de m’envoler ensuite pour les USA en 2021 pour la LOYOLA MARYMOUNT UNIVERSITY, Law School à Los Angeles en Californie pour un Master of Laws in International Business Law. Je suis actuellement consultant juridique et travaille sur différents projets sociaux avec des structures évoluant dans le domaine de l’intérêt public. 

 

Riche itinéraire. Parcours à la fois en Common et en Civil Law. Quel est votre avis sur les deux systèmes ? 

Bien sûr chaque système a ses avantages et inconvénients. Cependant, je pense que de manière globale, le système de la Common Law est plus avantageux et favorise davantage un bon fonctionnement du sacrosaint principe de la séparation des pouvoirs mais aussi un meilleur développement économique. Beaucoup de juristes et économistes ont écrit sur la question et sont parvenus à la même conclusion. A ce propos, je mène actuellement une étude en Droit comparé sur les deux systèmes avec pour cœur d’analyse le traité de l’UEMOA et le USMCA (United States-Mexico-Canada) treaty, deux traités internationaux de libre-échange respectivement en Civil Law and Common Law.  

 

Comment entrevoyez-vous votre carrière dans la sphère juridique ? A moyen et long terme ?  

Je me dirige actuellement vers un PhD en Droit après avoir obtenu plusieurs admissions dans différentes Law Schools aux US. Je n’ai pas encore fait mon choix. Je compte passer le barreau ici aux US et poursuivre ma carrière en tant qu’avocat. Toutefois, je suis de plus en plus intéressé par la recherche ; et la possibilité de me retrouver dans l’enseignement en tant que Professeur de Droit, à moyen ou long terme, ne me déplaît pas non plus.  

 

Vous êtes depuis quelques temps très actif sur les réseaux sociaux, notamment sur un sujet précis : la non organisation de l’examen du barreau en Côte d’Ivoire. Pourquoi en avoir fait votre cheval de bataille ? Pouvez-vous nous présenter la situation ?  

J’ai décidé de porter cette cause parce que cette injustice n’a que trop duré. A un moment ou un autre, il fallait que quelqu’un élève la voix pour attirer l’attention de la communauté sur le destin tragique des étudiants en Droit et Juristes de Côte d’Ivoire. Il y a beaucoup de choses à décrier et dénoncer. Mais je me suis focalisé sur l’examen du barreau car j’ai moi-même été victime du système et de sa non-organisation.  

Dès ma première année en Fac de Droit, j’ai voulu devenir avocat. Malheureusement, ce rêve a été brisé par les devanciers, tenanciers du barreau qui semblent prioriser leurs intérêts personnels et jouent à la roulette russe avec l’avenir de milliers de jeunes ivoiriens. C’est d’ailleurs cette situation qui m’a poussé vers les USA.  

La situation est simple. L’examen du barreau en CI n’a plus été organisé depuis la session de 2018 alors que le pays compte moins de 600 avocats pour 28 millions de personnes et qu’il n y a pas d’avocats dans certaines zones de l’intérieur du pays. Pourtant, la législation communautaire en vigueur impose un examen par année et impose également au barreau d’informer la société civile en cas d’impossibilité d’organisation tout en précisant les raisons et la date d’ajournement. A ce jour, nul ne sait les raisons de la non-organisation de l’examen depuis 2018 encore moins la date de sa reprise. Cette situation est en violation de la législation, ne fait pas honneur à notre pays, lèse des milliers d’ivoiriens et par conséquent se doit d’être dénoncée.  

 

 

Justement, plusieurs personnes estiment que vous y allez un peu fort, et qu’une approche plus « diplomatique » aurait été plus efficace. Vous êtes même accusé par quelques-uns de jeter le discrédit sur la profession. Que répondez-vous à cela ?  

Avant moi, plusieurs approches diplomatiques ont été entreprises par des ainés dans la profession avec qui je suis en contact. Elles n’ont abouti à rien. Me concernant, nous avons d’abord utilisé la voie diplomatique en transmettant un courrier par écrit au barreau en posant des questions et proposant notre aide. Ce courrier n’a reçu aucune réponse en dehors de l’indifférence et de propos durs reçus par échange téléphonique de la part du premier responsable du barreau de Côte d’Ivoire. Entendez par « Nous » l’Ordre des Éléphants Blancs de Côte d’Ivoire (OEBCI), entité apolitique en cours de constitution que j’ai fondée pour porter ce combat. Elle regroupe en son sein de nombreux jeunes dynamiques, patriotes, prêts à réclamer la restauration des droits de la jeunesse ivoirienne et servir leur pays. Vous comprendrez par là que je ne suis plus seul. 

Lorsqu’un pays comme la Côte d’Ivoire, locomotive de la sous-région n’organise pas son examen du barreau depuis cinq ans, lorsque les étudiants en Droit et jeunes juristes sont traités avec indifférence voire mépris et travaillent dans des conditions d’exploitation et de servilité indescriptibles, lorsque des ivoiriens sont privés de leurs droits par des acteurs de la justice ivoirienne, lorsqu’enfin des avocats censés protéger la loi et défendre les citoyens en deviennent les bourreaux, il faut conclure que le barreau de Côte d’Ivoire n’a pas eu besoin de Clément Kouame pour porter le discrédit sur la profession d’avocat en Côte d’Ivoire. C’est bien au contraire l’honneur de cette noble profession que j’appelle à rétablir.   

 

 

 

Vos efforts portent-ils leurs fruits ? Avez-vous l’impression que les choses évoluent dans le bon sens ? 

La pétition que nous avons lancée a récolté plus de 2700 signatures jusqu’à présent et ça continue de grimper. Nous sommes contactés par la presse nationale et internationale mais aussi des médias indépendants. L’information se répand comme une trainée de poudre et des centaines de personnes de Côte d’Ivoire mais aussi de la sous-région et partout dans le monde nous écrivent chaque jour pour nous apporter leurs soutien et encouragement. Je dirais donc oui que les choses évoluent dans le bon sens. Ce combat est un marathon et non un sprint. Ça prendra le temps que ça prendra mais nous ne lâcherons rien.   

 

 

D’autres actions sont-elles prochainement prévues ? Des rencontres ?  

En effet de nouvelles actions et rencontres sont prévues. Cependant, je me dois d’observer de la discrétion et ne peux malheureusement pas vous en parler. Ce que vous devez savoir est que les lignes bougent et nous faisons chaque jour de petits pas vers notre objectif final.  

 

 

Un mot de fin ?  

Organisez l’examen du barreau de manière régulière, juste, transparente et équitable. Je voudrais encore une fois lancer un appel à nos autorités et gouvernants afin qu’ils puissent solutionner ce problème car ce sont des jeunes ivoiriens, l’ensemble des justiciables, et le système judiciaire tout entier qui en souffrent. Merci à vous d’avoir manifesté votre intérêt et de porter notre voix par cette interview. 

Que Dieu bénisse la CI. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *