Bonjour Monsieur, et merci de
nous recevoir. On débutera par les présentations. Alors qui est Stéphane DIE ?

Né en Côte d’ivoire précisément dans la ville d’Abidjan, j’y ai grandi et étudié jusqu’au premier cycle universitaire, ensuite je suis allé en Angleterre pour me spécialiser.

Titulaire d’un master en finance obtenu à Londres, j’ai démarré ma carrière dans la finance à la City sur les produits complexes. Cette expérience m’apportera pendant sept (7) années durant l’expertise et la technicité sur les sujets de la finance de marchés.

En 2009 je prends la décision de rentrer en Côte d’ivoire ou j’ai mis mes compétences au service de la filiale d’un groupe bancaire international dans le secteur des services financiers. Cette belle expérience m’a permis de découvrir la BRVM et le milieu de la finance dans la zone francophone. Depuis l’année 2022, je suis établi à mon propre compte et interviens sur le conseil en investissement et l’accompagnement des financements.

Votre parcours vous a conduit hors de

votre pays. Avec la somme de compétences acquises à l’étranger, vous aviez la possibilité de vous y établir. Pour quelle(s) raison(s) décidez-vous de rentrer en Côte d’Ivoire ? Comment cette transition s’est- elle déroulée ?

J’ai décidé de rentrer pour plusieurs raisons dont les principales sont les suivantes :
La mise à disposition de mes compétences au service de mon pays dans un secteur qui était

en pleine mutation. Mon projet professionnel a toujours été de revenir et apporter ma pierre à la construction de notre pays.

Aussi, j’avais cette ambition de transmettre le savoir faire et les meilleures pratiques à nos jeunes frères qui souhaiteraient apprendre et partager mon expérience.

Vous êtes à présent entrepreneur mais avant ça, vous occupiez un poste lié aux marchés de capitaux. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette niche de la finance et le profil pour y faire carrière, notamment en Côte d’Ivoire ?

Le marché des capitaux est ce pan de la finance qui permet la rencontre entre des pourvoyeurs de capitaux et des entités publiques ou privées qui recherchent des fonds pour financer leur développement.

En terme plus simples nous mettons en contact des agents économiques qui ont des excédents de trésorerie avec d’autres agents (personnes physiques ou morales) qui sont à la recherche de financements.

Le profil à avoir pour exercer dans ce domaine est assez mixte :
Une formation en économie ou gestion ; une formation en finance ; toute formation technique, surtout un goût prononcé pour la finance.

Ce métier requiert aussi un bon esprit de synthèse, la capacité à s’autoformer être à l’écoute des nouveaux concepts et tendances, et pouvoir travailler en autonomie.

Comment percevez-vous la place financière ivoirienne ? Bien sûr, ce n’est ni Londres
ni New York, mais au niveau africain où la situerez-vous ? Et quelles sont ses marges de progression ?

La place financière régionale est assez jeune avec des rendements assez intéressants lorsqu’on fait une comparaison avec les marchés développés cités.

Des efforts considérables sont faits par la BRVM, le régulateur et les différents états de la zone pour rendre ce marché beaucoup plus attractif, assez diversifié et liquide.
La BRVM offre de bonnes possibilités d’épargne et de diversification en terme d’investissements.

Récemment, le groupe français BNP Paribas et Proparco ont annoncé leur sortie du capital de
la BICICI en faveur du consortium BNI, CNPS, IPS-CGRAE et CDC-CI qui en détiendra 66.75% des parts. Cela semble être un deal gagnant pour l’Etat Ivoirien. Quel est votre avis sur cette question ?

Une belle opération pour l’état qui souhaitait maintenir ce fleuron de la banque ivoirienne avec des actionnaires locaux et diversifiés.
Ce changement d’actionnariat donnera une nouvelle orientation à une banque qui en avait besoin.

Il est aujourd’hui établi que les entrepreneurs locaux ont du mal à lever du capital auprès des banques pour leurs activités, ce qui constitue un frein à l’éclosion de champions nationaux.

Constatant que notre marché bancaire
est dominé par des filiales de groupes étrangers, pensez-vous que des opérations comme celle-ci permettraient à l’Etat de contribuer efficacement à résoudre ce problème ?

Nous constatons une redistribution des cartes dans l’écosystème bancaire qui a beaucoup changé
au cours des cinq (5) dernières années, plusieurs groupes internationaux se retirent de la zone et nous avons la montée en puissance de groupes régionaux africains qui s’affirment et s’imposent.

Cette opération confirme la volonté de l’état
à établir les bases permettant de créer des champions nationaux sans occulter le fait que le rôle de l’état n’est pas de détenir des banques.

Plusieurs opérateurs privés, dont un Ivoirien étaient en lice concernant ladite opération. Pour vous était-il opportun qu’il ait été choisi ? Et pourquoi ?

Le rôle de l’état étant de créer les conditions pour l’éclosion de champions nationaux comme c’est le cas dans certains pays voisins, le rachat de la BICICI par un investisseur privé aurait été un très bon signal pour cette politique.

N’ayant pas tous les contours des différentes offres techniques, il me serait difficile d’avoir un avis tranché.

Quelles prévisions faites-vous sur les éventuelles retombées/conséquences de cette opération à court, moyen voire long terme ?

L’opération étant récente et les diligences au niveau de la commission bancaire en cours de validation, il serait difficile de prédire les nouvelles orientations stratégiques de la banque en termes de clientèle, secteurs d’activité, le business model et aussi positionnement.

Les mois à venir permettront d’interpréter la stratégie des nouveaux actionnaires de référence de façon plus factuelle.

Avez-vous un mot de fin ?

Nous constatons une reconfiguration du système bancaire dans la zone UEMOA avec la montée en puissance des groupes panafricains et le désengagement progressif des groupes internationaux, ce qui permettra nécessairement la naissance et la consolidation des champions nationaux.

Cette nouvelle donne permettra de créer
un modèle qui soit adapté à nos réalités socioculturelles et un accompagnement plus important des PME qui à ce jour constituent un vivier important du tissu économique dont la contribution.